Fiat Stylo trophée Andros

Stars on ice

Imaginé il y a une quinzaine d'années par Max Mammers pour occuper les pilotes lors de la trêve hivernale, le trophée Andros est devenu au fil des saisons un rendez-vous incontournable de la scène sportive. Du multiple champion du monde de formule 1 à la dernière vedette du petit écran, tous se retrouvent sur les cimes enneigées pour en découdre avec enthousiasme. L'équipe Fiat symbolise au mieux cet éclectisme puisque Franck Lagorce, 2 GP disputés, y côtoie Jean Pierre Pernaut et ses 20 ans de JT ! En essai à Val Thorens la veille de la course de l'Alpes d'Huez, ils m'ont laissé le volant de leur surprenante Stilo construite chez Oreca. Et dire que Thierry pensait m'impressionner avec sa Subaru à Tignes…

 

Par Fred "j'en peux plus" Rouvier

Photos Fab "Quand est-ce que tu roules ?" Lhéritier

Cela faisait un bon bout de temps que je rêvais de m'installer à bord d'une auto préparée pour le trophée Andros. Il faut dire que lorsque vous posez les pieds sur de la glace vive, il est difficile d'imaginer que des autos puissent évoluer sur une telle surface. Quand on voit pourtant des images de pilote "en marche arrière" avant le virage, il y a de quoi se poser des questions ! C'est donc impatient mais aussi très curieux que j'ai débarqué à Val Thorens en cette veille de vacances scolaires. Le thermomètre ne dépasse pas zéro et le soleil brille, les conditions sont donc idéales pour une découverte.

Là-haut sur la montagne…

L'équipe Fiat/Overdrive est à pied d'œuvre pour tester de nouveaux sets up. Deux Stilo sont engagées sur le trophée : la bleu est pilotée par Philippe De Korsak et Franck Lagorce qui a remporté la manche d'Andorre tandis que la blanche et rouge joue les troubles faits en classement promotion aux mains de Jean Pierre Pernaut et de son fils Olivier.

Les autos ont étaient construites chez Oreca, selon la réglementation "Silouhette" en vigueur. On retrouve donc sous la carrosserie en fibre composite un châssis tubulaire et des suspensions triangulées à grands débattements. Le moteur, un V6 puisé dans la banque d'organes Fiat, est en position centrale arrière pour la répartition des masses. Développé lui aussi chez Oreca, ce dernier affiche 360 ch à 7500 tr/min et 36,8 mkg à 5500 tr/min pour 3L de cylindrée. La boîte séquentielle est signée Sadev et comporte 6 rapports tandis que la transmission se fait bien évidemment sur les 4 roues. N'affichant que 950 Kg sur la bascule, l'auto affiche ainsi un rapport poids-puissance très réduit.

 

Je vais devoir attendre la fin des essais avant de m'essayer aux joies de la glace. Il fait 2°, je ne sens plus mes pieds, mais cela me laisse le temps d'observer la piste et d'essayer de comprendre le mode d'emploi. Franck Lagorce et Philippe de Korsak n'hésitent pas à balancer l'auto en marche arrière avant la courbe avant de faire hurler le moteur pour s'extraire grâce à la puissance. Le "clan Pernaut" est quand à lui en plein apprentissage ; Olivier est déjà dans le rythme tandis que Jean-Pierre fait connaissance avec le mur de neige. Un petit check up aux stands et tout rentre dans l'ordre… Dis Jean-Pierre, combien ça coûte un capot avant ? Trève de plaisanterie, mon heure a sonné !

 

Les deux pieds dans la neige…

La Stilo de la famille Pernaut m'attend. Philippe prend place à mes côtés pour me guider lors de mes premiers tours de roue. L'habitacle est très spacieux malgré l'arceau tubulaire. Un afficheur digital regroupe l'essentiel des informations tandis qu'un indicateur de rapport engagé trône au sommet du tableau de bord. Petit détail amusant : la portière est équipée d'un petit essuie-glace pour la visibilité lorsque l'auto est en dérive… Voila qui met tout de suite dans l'ambiance !

"N'oublie pas que l'auto possède 4 roues directrices et pense à ne surtout pas contrebraquer une fois que tu as déclenché la dérive ; tout se gère avec la puissance !" Ok patron, bouton "start" et on va voir ça…

Le V6 s'éveille dans un bruit métallique très flatteur, une impulsion sur le levier de la boîte séquentielle et c'est parti. Instantanément, le comportement très directif de l'auto interpelle. Les gestes au volant doivent donc rester très mesurés car le mur de neige n'est jamais loin. J'arrive en troisième sur ma première courbe, un droite en montée à 180°. Pensant bloquer les roues instantanément, je ne tente pas le diable au freinage. Le grip offert par les pneus maxi clous est pourtant étonnant et je me retrouve arrêté à 50m du virage… La honte ! La ligne droite qui suit permet de jouir de la puissance et de monter plusieurs rapports. Le V6 pousse de façon constante sans aucune brutalité jusqu'au rupteur. Un gros freinage m'attend en bas de la descente pour une grande courbe parabolique. Philippe me fait des gestes pour m'indiquer les freinages et les points de braquage. A son top, j'écrase la pédale du milieu avant de descendre tous les rapports. L'arrière se déleste et engage dès que j'effleure le volant en entrainant l'auto en tête à queue. C'est à ce moment-là que tout se joue : il faut immédiatement remettre les roues droites et écraser la pédale d'accélérateur. Les clous mordent la glace, seul la puissance permet de gérer la dérive. Plus facile à dire qu'à faire : lorsqu'une auto amorce un tête à queue, nous avons tous le réflexe naturel de contrebraquer… Retrouvant dans ce cas instantanément le grip, la Stilo repart dans l'autre sens, face au mur de neige… Encore raté !

Nouvelle ligne droite en montée et nouveau freinage pour une épingle droite. Je me force cette fois à ne pas contrebraquer sur les conseils de Philippe, l'auto glisse vers le mur extérieur, j'hésite un instant avant de souder en regardant par la portière. La Fiat enroule comme par magie la courbe avant de s'extraire avec force. Je monte deux rapports en quelques mètres avant de plonger dans le gauche face aux stands. Hallelujah les amis, ça commence à rentrer ! Un petit tout droit 2 tours plus tard me rappellera hélas à l'ordre, la glace nécessite un certain temps d'adaptation. Il n'y a heureusement pas de bobos, une petite marche arrière et c'est reparti…

La course de l'Alpes D'Huez se déroulant le lendemain, Philippe me demande de rentrer aux stands. Dommage, je commençais à trouver mes marques ; une fois de plus, j'obtempère à contre cœur !

 

Glace de VIP

Discipline à part entière, la course sur glace possède un côté très ludique. Quasiment dépourvue du moindre danger en raison des vitesses très modestes, elle permet de s'éclater sans risquer de se coller dans un rail à 200… Des belles autos, des peoples, des jolies filles et des stars du volant, le tout sur fond de montagne enneigée, il n'en fallait pas plus pour créer le et pérenniser le succès. Qui dit discipline en vogue dit chiffres hors norme : ramené au coût kilométrique, le trophée Andros arrive en deuxième position, après la F1 ! Vous avez dit "stars" ?