Renault Laguna GT 2.0 dCi : Changement de direction
Apparues dans les années 90 sur la Honda Legend, les 4 roues directrices n'avaient pas laissé un souvenir impérissable. Si le système se montrait alléchant sur le papier, avec un rayon de braquage sensiblement diminué, la réalité était tout autre avec un système entièrement mécanique pas toujours précis sur la route. Avec l'avènement de l'électronique et de ses nombreuses applications, Renault décida de reprendre à son compte le système en l'améliorant sensiblement ; sans se lancer dans un long exposé technique, le système Active Drive possède un calculateur électronique qui guide les roues arrière via des vérins, en tenant compte de plusieurs paramètres comme la vitesse ou l'angle de volant. Concrètement, les roues arrière braquent dans le sens opposées de celles de l'avant sous 60 km/h, afin de diminuer de 10% le rayon de braquage. Au-delà de cette vitesse, inversement, elles suivent le même sens de braquage (jusqu'à 2°), afin de lutter contre la force centrifuge qui entraine le survirage (le décrochage, ndlr). Je vous laisse digérer tout cela en vous détaillant la voiture dans sa partie visible...
Sportive mais sobre
La Laguna GT se différencie des autres versions grâce à son bouclier redessiné munie d'ouïes latérales d'aération, ses rétroviseurs noir brillante, ses feux arrière fumés et sa double sortie d'échappement. Au chapitre de la finition, elle reprend l'équipement des version « Dynamique », auquel s'ajoute des sièges sport revêtus de cuir et d'Alcantara.
Mécaniquement, 2 offres sont proposées, avec le 2 litres dCi porté à 180 ch pour l'occasion, ou bien le 2 litres turbo essence de la Mégane RS, ramené à 205 ch. Le plus gros des ventes devant se réaliser avec le diesel, c'est aux commandes de celui-ci que je fais connaissance avec la GT.
Nul besoin d'être l'égal d'Alonso ni de posséder un feeling au volant surdéveloppé pour ressentir les effets de l'Active Drive : la Laguna se manie en ville comme une citadine de 3m50 ! Très directive sur les changements de direction, elle se faufile de façon étonnante entre le flot des usagers. Un petit test de la baïonnette improvisé par nos soins confirmera d'ailleurs cette étonnante agilité, avec des vitesses de passage entre les quilles impressionnantes. Même en forçant le rythme, l'avant plonge toujours à l'intérieur du virage en donnant la sensation de pivoter en s'aidant du frein à main !
Sur des rails
Les bienfaits du système sont moins évidents à ressentir sur route. La Laguna étant naturellement doté d'un très bon châssis, il faudra pousser l'auto dans ses derniers retranchements pour noter un changement. La mobilité des roues arrière diminue en effet le phénomène de « ripage », épargnant les pneus et retardant le décrochage. Si vous avez des relations avec la maréchaussée, vous pourrez vous rendre compte que l'auto est littéralement posée sur des rails, quasiment impossible à prendre en défaut.
Le 2 litres dCi, avec cette nouvelle évolution 180 ch, se montre souple et élastique. Distillant ses 400 Nm de couple de façon linéaire, il possède une très large plage d'utilisation qui le rend alerte au chapitre des reprises. Sobre à la pompe, il ne réclame que 6,5 litres de gasoil en usage mixte, un bon point en ces temps de flambée du prix du baril...
Dans une catégorie conservatrice et malmenée par le phénomène « monospace », l'arrivée de la Laguna GT est à saluer comme il se doit. Très convaincantes à l'usage, les 4 roues directrices sont une véritable révolution qui n'a rien d'un gadget mercantile. Offrant le confort d'une berline et la maniabilité d'une compacte alerte, la GT n'a pour le moment aucune rivale, d'autant que Renault a eu la bonne idée de ne pas répercuter le tarif de son ingénieux système sur le prix de vente. Tout est dit dans a pub : Renault, créateur d'automobiles !
Par Thierry « c'est marrant » Santoni
Photos Fred « mais tourne ! » Rouvier